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Ressource en eau : le Département se mobilise

Publié le 14 avril 2023
Temps de lecture : 5 min
Verre d'eau pour illustrer le dossier sur la ressource en eau
© Aurélien Ferreira/CD31

Aujourd’hui, qu’il s’agisse d’eau stockée dans les nappes, le sol, les Pyrénées ou les barrages, les réserves d’eau sont très basses. Il est donc crucial d’agir. Le Département multiplie les actions pour promouvoir une gestion durable de l’eau.

L'eau est un bien commun qui doit être à tout pris préservé, protégé et surtout partagé. Au Conseil départemental, nous sommes à la tâche pour sécuriser l'approvisionnement".

Sébastien Vincini, président du Conseil départemental de la Haute-Garonne

Objectif à court terme : anticiper l’étiage de l’été prochain, c’est-à-dire la période où les cours d’eau sont les plus bas. Afin de préserver les différents usages de l’eau (eau potable, industrie et agriculture), le Département est engagé pour mobiliser tous les stockages existants dont ceux des retenues hydroélectriques pyrénéennes grâce à EDF (70 millions de m3) pour réalimenter la Garonne, via le Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (SMEAG) dont il est membre. Par ailleurs, un plan interne de sobriété de la ressource en eau a été lancé pour favoriser un usage raisonné de l’eau sur tous les sites appartenant au Département dont les collèges (matériel hydroéconome, gestion des espaces verts, récupérateurs d’eau de pluie, etc.)

Repenser collectivement l'usage de l'eau

Face à une ressource en eau que l’on sait maintenant limitée, une gestion durable et partagée de l’eau est indispensable et nous devons nous adapter. C’est au regard de cet enjeu collectif que le Conseil départemental a lancé dès 2017 le projet de territoire Garon’Amont sur un périmètre se situant sur le bassin d’alimentation de la Garonne, de sa source dans les Pyrénées espagnoles jusqu’à sa confluence avec l’Ariège en amont de Portet-sur-Garonne. Fondée sur une démarche concertée avec l’ensemble des acteurs de l’eau du territoire et un dialogue citoyen,la réflexion a abouti à la co-construction d’un programme de 32 actions concrètes organisées autour de quatre axes : sobriété et économies d’eau, pacte de gouvernance, stockage de l’eau et aménagement du territoire. 22 des 32 actions sont dès à présent engagées.

Cumul d’actions

© Aurélien Ferreira

Parmi ces actions en cours, on peut noter la lutte contre les fuites d’eau, la collecte de données, l’optimisation des ouvrages existants, à l’instar de ceux du bassin du Touch (en utilisant une partie de l’eau non utilisée de cinq retenues du bassin), des expérimentations (recharges de nappes et prélèvement dans les gravières), la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature (avec la restauration des milieux aquatiques et la création d’un Conservatoire des zones humides où 500 hectares sont désormais classés), etc. Il n’y aura pas de solution miracle, c’est le cumul des actions qui permettra de faire face collectivement à la raréfaction de l’eau, selon une approche durable et adaptée aux spécificités des territoires. Autant de pistes que le Département est déterminé à poursuivre en remettant les services publics au cœur de la planification écologique. Et pour l’eau, cela implique de ne pas prélever plus que ce que la planète peut apporter.

La création de nouveaux stockages pourrait être envisagée à côté d’autres solutions dans le cadre d’une approche progressive et concertée ayant comme préalable la généralisation des économies d’eau et l’utilisation optimale des retenues existantes. En janvier, le Département a lancé une large concertation sur les nouvelles modalités de stockage de la ressource en eau dans le cadre du projet de territoire Garon’Amont.

Modernisation des infrastructures


Autre problème identifié, celui du vieillissement des réseaux d’eau potable qui provoque des casses plus fréquentes ou des fuites non détectées. Ainsi, en Haute-Garonne, un litre sur quatre n’arrive pas au robinet de l’usager. À ce titre, le Conseil départemental a lancé début 2023 un appel à projet avec une aide ciblée pour le renouvellement des réseaux, faisant de la lutte contre les fuites une de ses priorités.

1 litre sur 4 n'arrive pas au robinet
© CD31

Par ailleurs, chez Réseau31, syndicat mixte en charge de l’eau et de l’assainissement qui intervient sur 243 collectivités, on réfléchit aussi activement à des solutions pour sécuriser l’accès à l’eau et lutter contre les fuites. Un effort conséquent soutenu par le Conseil départemental qui, dès 2016, a augmenté son aide financière de 2 à 5 millions d’euros en faveur des travaux et études réalisés dans les domaines de l’alimentation en eau potable et de l’assainissement. Cela passe également par la modernisation ou la construction de nouvelles infrastructures hydrauliques, comme en novembre 2022 à Préserville, où un nouveau réservoir de 600 m3 a été mis en service. 

R’Garonne : une expérimentation inédite en France

© Réseau 31

C’est une des 32 actions déployées dans le projet de territoire Garon’Amont piloté par le Département. Expérimentation inédite de par son ampleur, R’Garonne consiste en la recharge de la nappe alluviale de la Garonne avec l’eau du canal de Saint-Martory. Cette nappe agit comme un réservoir souterrain qui, par un processus naturel, accumule l’eau de pluie qui s’infiltre dans le sol pendant l’hiver et la restitue progressivement en été. Une part importante de l’eau de la Garonne provient de cette nappe. L’idée est d’aider cette nappe à se recharger au maximum grâce à l’infiltration durant l’hiver et le printemps à partir de volumes d’eau fournis par le canal de Saint-Martory. « L’objectif est d’amplifier un phénomène hydrogéologique naturel tout en le maîtrisant », explique Yann Oudard, directeur général adjoint de Réseau31. Ce projet expérimental de 1,87 million d’euros sur quatre ans est mené par Réseau31, le service public de l’eau en Haute-Garonne, et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), avec le soutien de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, de la Région Occitanie, et du Département de la Haute-Garonne.

Objectif : réduire le déficit estival

« Théoriquement, nous pourrions réduire le déficit esti- val de plusieurs millions de m3, mais nous nous devons d’être prudents car nous ne savons pas quel volume exact sera stocké et quand il retournera vers la Garonne une fois son parcours souterrain achevé », poursuit Yann Oudard. Deux sites (sur Le Fousseret et Cazères), combinant à la fois une localisation optimale, des conditions hydrauliques favorables et une bonne perméabilité des sols, sont en cours d’investigation et de concer- tation locale. Après des travaux préparatoires dès le printemps 2023, les premiers essais d’injection d’eau dans la nappe auront lieu en 2024. S’ils sont concluants, une réalimentation permanente par cette méthode sera engagée.

© CD31

Carte de l'eau en Haute-Garonne