Après avoir fait connaissance rapidement, les participant.e.s sont invité.e.s à se répartir par table en prenant une casquette de citoyen.ne.s, représentant.e.s d’association ou de porteurs et porteuses de démarches de démocratie participative pour :
- un premier temps lister les freins à des relations tripartites vertueuses ;
- puis dans un second découvrir les leviers favorisant ces relations vertueuses ;
- et enfin se mettre d’accord sur le levier génial qui paraît la plus opportun.
Parallèlement, Mathilde Renault-Tenacci chargée de recherche INJEP, chercheure associée CERLIS-CNRS/Université de Paris s’est inspirée des travaux des participant.e.s pour leur proposer une restitution enrichie de son regard de chercheuse sur les questions associatives dans la démocratie participative.
Point de vue de l’experte
Son travail lui a d’abord permis de constater qu’il y avait peu de travaux scientifiques autour des dispositifs ascendants de démocratie participative. Dans les recherches sur la participation associative institutionnalisée, les associations sont présentées comme instrumentalisées par le système politico-administratif ou comme complices permettant de faire taire la société «réelle», les citoyens ordinaires.
Mathilde a donc cherché à dépasser ces postulats pour appréhender la complexité de la posture des associations dans les dispositifs participatifs et notamment le budget participatif parisien.
Quantitativement, elle relève que peu d’associations participent (1/5 à Paris). Ces dernières peuvent soit participer à de nombreux dispositifs de participation (multi-participantes, souvent les plus aguerries à l’exercice) soit à un seul type de dispositif sur laquelle la municipalité a largement communiqué (le budget participatif en est un exemple).
Les associations peuvent y adopter une perception de la participation soit inclusive (elles cherchent la participation de tout le monde) soit élitiste (la participation est réservée aux experts, elles peuvent donc mettre en avant leur savoirs/compétences particulières). Les processus participatifs institutionnels sont généralement perçus par le tiers secteur comme peu efficaces ou servant de couverture à des politiques publiques déjà construites.
Malgré ces perceptions critiques, une partie des associations continue de s’y impliquer car elles y trouvent trois usages qui peuvent parfois se cumuler : défense des intérêts d’un groupe ou d’une minorité, diffusion et sensibilisation autour de leurs projets et obtention de ressources utilitaires (subventions, locaux, écoute des élus etc.).
Elle note que dans ce contexte les relations entre associations et habitants sont perturbées par le décalage entre les savoirs et les utilisations politiques de et par chacun ainsi que par des méthodologies de participation plus tournées vers l’habitant jouant ainsi plus la carte de l’individualisme que du collectif. La participation des associations à la démocratie participative institutionnelle peut parfois être crainte par l’administration ou le personnel politique.
En sus les profils des représentant.e.s d’association au sein des dispositifs sont très caractérisés : population très diplômée, CSP+ et femmes.
En conclusion Mathilde RENAULT-TINACCI prône d’associer les associations à la construction même des cadres de la participation et de clarifier les attendus vis-à-vis des associations : contribution cognitive et/ou contribution décisionnelle.