PORTRAIT

Thomas Dutronc, "frenchy manouche"

Publié le 14 septembre 2020
Temps de lecture : 3 min
Thomas Dutronc est en concert à la Halle aux grains le 11 octobre.
© Thomas Dutronc est en concert à la Halle aux grains le 11 octobre.
Thomas Dutronc est en concert à la Halle aux grains le 11 octobre.

Il était en concert le 11 octobre à la Halle aux grains, à Toulouse, dans le cadre du festival Jazz sur son 31. Rencontre avec Thomas Dutronc, un véritable mélomane, qui a fait du jazz son terrain de jeux. 

Lorsque les gens lui parlent encore et toujours de papa (Jacques Dutronc) et maman (Françoise Hardy), cet affable quadra prend la chose avec philosophie : « J’essaie alors d’être un garçon gentil, patient, car cela reste des marques d’affection », explique-t-il dans une interview au quotidien Libération. Musicien, acteur, chanteur comme papa avec qui il collabore en 1995 sur l’album Brèves Rencontres, il coréalise et accompagne maman à la guitare sur les albums Clair obscur (2000), Tant de belles choses (2004) et Parenthèses (2006). Mais l’oiseau vole de ses propres ailes depuis belle lurette ! Les velléités de photographie, de cinéma même envolées – il aime Frank Capra, James Stewart, Louis Jouvet, les films gore et Les Tontons flingueurs –, il se découvre une passion pour le blues, Chuck Berry, Jimi Hendrix et les figures tutélaires Django Reinhardt et Brassens, dont les vinyles reposent au fond d’une armoire familiale. Du dernier, il adopte « le refus des mirages du show-biz », mais aussi « l’importance des copains d’abord ».

Manouche mais pas que…

Accomplissant ses classes d’ado en découvrant Pink Floyd, les Dead Kennedys, les Nuls, les Monty Python et Tex Avery, la guitare vient alors à 18 ans, comme une révélation. « J’ai commencé à jouer dans les clubs et les bars en Corse. » Puis sur la petite scène de La Chope des puces, temple du jazz manouche à SaintOuen, le jeune se dessine un avenir et un répertoire auprès de Biréli Lagrène, notamment, dont il intégrera le Gipsy Project en 2002. Mais le jazz manouche ne constitue pas le seul horizon ! Le garçon joue au cinéma (Le Derrière de Valérie Lemercier en 1999 et Confession d’un dragueur d’Alain Soral en 2001), écrit pour Henri Salvador mais aussi des musiques de films (Toutes les filles sont folles de Pascale Pouzadoux, Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet en 2003, etc.), compose pour Jacno, chante et joue dans les clubs et festivals de jazz comme celui de Marciac en 2005.

Chanteur par accident

Ne trouvant personne pour interpréter ses compositions, Thomas devient alors « chanteur par accident » et c’est le copain Matthieu Chédid qui lui met le pied à l’étrier en l’aidant « à se débrider, à apporter du jazz manouche et des trucs à lui dans la chanson. » Le premier disque Comme un manouche sans guitare paru fin 2007 renverse tout sur son passage et la chanson éponyme obtient le titre convoité de Victoire de la chanson originale lors des Victoires de la Musique en 2009. Silence on tourne, on tourne en rond en 2011, Éternels jusqu’à demain en 2015, Live is love en 2018 puis Frenchy cette année ponctuent la carrière discographique de cet artiste désormais accompli qui transcende les écarts générationnels. Logique, son côté dilettante hérité de (papa) et l’élégance de (maman), mais aussi sa propension à ne fâcher personne constituent des éléments hautement fédérateurs qui rassurent finalement cet adepte de la « philosophie de Brassens » : « Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente. »

Jazz sur son 31 2020 Dutronc