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Priorité aux circuits courts en Haute-Garonne

Publié le 18 juin 2020
Temps de lecture : 4 min
Priorité aux circuits courts
© Aurélien Ferreira
Récolte des abricots sur l'exploitation de Thomas Magnani, un producteur du Frontonnais.

Le Conseil départemental vient d’adopter un plan pour favoriser l’émergence des circuits courts en Haute-Garonne. Pour soutenir la filière agricole de notre territoire, mais aussi pour défendre une alimentation de qualité pour tous.

Pas plus d’un intermédiaire entre le producteur et le consommateur : voici la définition du modèle dit de « circuit court ». Il peut s’agir de vente directe, à la ferme ou sur les marchés, mais aussi en magasin. Dans tous les cas, en réduisant à son minimum la chaîne de distribution, les bénéfices de ce système sont nombreux, tant en termes économiques qu'environnementaux. En prime, le lien entre le producteur et le client est consolidé.

Tandis que certaines filières longues, telles que les AOP/IGP subissent de plein fouet les effets de la pandémie, ce mode de consommation plus raisonné et vertueux a, au contraire, bien tiré son épingle du jeu depuis le mois de mars. Fort de ce constat, le Conseil départemental a voté, le 26 mai dernier, un plan d’actions pour développer les circuits courts sur le territoire, coordonné par la Société publique locale (SPL) Haute-Garonne développement. Car s’ils sont bien présents, ils s’avèrent encore insuffisants pour répondre à la demande croissante.

Accompagner les agriculteurs

Concrètement, il s’agit d’abord d’encourager les agriculteurs à s’installer sur le territoire. Priorité est donnée au maraîchage et aux « légumes de plein champ », notamment pour fournir la restauration collective. Pour cela, le Département favorise les espaces-tests, ces structures qui accompagnent les porteurs de projet afin qu’ils expérimentent leur activité, à la manière d’un incubateur ou d'une pépinière d’entreprises. En collaboration avec la Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), le Conseil départemental souhaite également engager des démarches pour la protection des terres à bon potentiel agronomique. Ce travail favorisera l’installation de nouveaux agriculteurs, au même titre que les actions d'ores-et-déjà menées par la Direction de l'Agroécologie dans ce domaine (aide directe en investissement, appui technique par les conseillers agro environnement). Quant aux professionnels déjà implantés, le Département pourra les accompagner dans l’adaptation de leur activité. « L’agriculteur pourra avoir besoin d’effectuer différents actes de transformation et de commercialisation. Ces actes impliquent l’appropriation de nouveaux savoir-faire », détaille Patrice Rival, vice-président en charge de l’agriculture. Pour ce faire, le Conseil départemental proposera différents appels à projet pour favoriser l'implantation d'équipements adaptés sur le territoire.

Confinement : des producteurs se sont organisés à Merville

Lorsque les marchés de plein air de Grenade et L'Isle-Jourdain ont dû être arrêtés avec l’annonce du confinement, certains producteurs locaux se sont organisés. C’est le cas d’Antonin Marty, agriculteur à Merville. Aux côtés d’un maraîcher et de deux producteurs de fromages, il a proposé de créer un point de vente éphémère juste devant sa boutique, dès le premier samedi. « Cela est parti d’une demande de nos clients. Les habitués sont venus, puis, grâce au bouche-à-oreille, nous avons vu de nouvelles personnes », explique l’éleveur. Durant cette expérience de marché improvisé, il a clairement remarqué que ses ventes ont augmenté lorsque la grande distribution a commencé à donner des signes d’épuisement. « Moins les supermarchés étaient approvisionnés, plus nous avions de demandes, notamment pour les oeufs, que nous avons dû rationner. » Pour lui, le changement est en marche : « Aujourd’hui, on se rend compte qu’on est dépendant de l’importation. Mais je pense que les gens commencent à réfléchir à consommer plus local, quitte à réduire les dépenses ailleurs. »

Antonin Marty est producteur de porc et de volaille à Merville
© Aurélien Ferreira
Antonin Marty est producteur de porc et de volaille à Merville

Favoriser une plus grande démocratie alimentaire

La collectivité souhaite par ailleurs mener un travail de sensibilisation auprès des consommateurs. Si beaucoup se disent prêts à opter pour les circuits courts, « les enquêtes montrent que les consommateurs peinent à trouver un point de vente ou à déterminer ce qui est local ou de saison », note Patrice Rival. Pour y remédier, les initiatives telles qu’épiceries solidaires, AMAP, supermarchés collaboratifs, etc., seront encouragées. Enfin, des expérimentations seront prochainement lancées dans trois quartiers prioritaires de la Haute-Garonne, auprès de populations en très grande précarité. Pour, à terme, un accès plus égal aux produits sains et locaux et tendre à une plus grande démocratie alimentaire.