À LA UNE

Monty Alexander, la joie au bout des doigts

Publié le 5 septembre 2022
Temps de lecture : 3 min
Monty Alexander - Jazz sur son 31, octobre 2022
© Joe Martinez
Monty Alexander - Jazz sur son 31, octobre 2022

Il est né en Jamaïque mais vit aux États-Unis depuis près de 50 ans. Sinatra et Miles Davis ont lancé sa carrière, excusez du peu, et il enflammera la Halle aux Grains à Toulouse, le 9 octobre, dans le cadre du festival Jazz sur son 31. Portrait de Monty Alexander, immense pianiste de jazz.

Monty Alexander n’a pas découvert la musique, il est né dedans. « J’ai grandi à Kingston, en Jamaïque, et la musique était omniprésente. Jouer de la musique me rendait très heureux et j’ai eu envie d'être musicien dès l'âge de 5 ans ». Autodidacte, il choisit et reproduit les chansons qu’il entend. Il commence des cours de piano, mais se rebelle contre le professeur qui le frappe sur les doigts quand il ne joue pas exactement ce qu’il lui demande. « Je n’aime pas jouer de la musique quand c'est trop strict. J'ai donc développé ma propre musique dès mon plus jeune âge. » Sans être eux-mêmes musiciens, ses parents sont mélomanes et impressionnés par son don. « Ma mère avait acheté un vieux piano. Elle prenait des cours et essayait de jouer certains morceaux. Moi, je me mettais au clavier, et je les jouais sans effort à l’oreille ». Son père, lui, ne joue d’aucun instrument, mais il aime aller écouter les musiciens. Il emmène donc son fils découvrir des virtuoses au piano, saxophone ou guitare. C’est ainsi, que peu à peu, Monty Alexander devient l’un d’entre eux.

Des influences multiples

Adolescent, Morty Alexander se nourrit de musique traditionnelle jamaïcaine mais pas seulement : « J’écoutais beaucoup les stars de jazz américaines, Louis Amstrong, Nat King Cole. Et puis les gars du RNB, et bien sûr Sinatra aussi. Je suis une éponge, j'ai tout absorbé de ces influences ». À 18 ans, il emménage à Miami, en Floride, et joue dans les clubs où les gens vont boire et écouter de la musique live. Sinatra l’entend, l’apprécie, et le fait engager en 1963 dans un club à New York. Plus tard, c’est Miles Davis qui l’invite à venir jouer chez lui. « Il faut être en confiance pour jouer de la musique. La confiance, elle vient de l’intérieur, mais le soutien que m’ont apporté ces grands hommes de la musique, ça n’a pas de prix ».

Monty Alexander à Toulouse

Monty Alexander est venu à Toulouse et dans d'autres villes de France pour la première fois à la fin des années 1970. Au fil des années, il est revenu jouer dans de nombreux festivals et salles de jazz reconnues. « J’ai de bons souvenirs à Toulouse, j'y suis allé à plusieurs reprises, pour jouer en salle et dans des petits clubs. Je finis par croiser des personnes qui m'ont écouté il y a 5 ou 10 ans et qui reviennent me voir. »

Difficile pour autant de savoir ce que Monty Alexander nous réserve. « Je ne planifie jamais ce que je joue. C'est comme ça que je fonctionne et c'est peut-être une bonne façon d'expliquer le jazz. C'est quelque chose qui vous vient sur le moment. Ce n'est pas comme la musique classique, qui est écrite sur une feuille de papier, et qu’il faut interpréter parfaitement. Le jazz, c’est spontané. Je veux aussi qu’il y ait de la vie, que l’esprit et le corps réagissent à la musique. À Toulouse, je viens faire swinguer le public. »

La musique rassemble les gens de manière joyeuse. J'ai joué dans le monde entier et j'aime toujours le faire. Je viens de Jamaïque, ma musique vient de mon héritage et de l'amour que j'ai pour le jazz classique. Ce que je fais, c’est donner de la joie.

Propos recueillis et traduits par Lana Mitry.