Docteur d'Etat ès Lettres et Sciences Humaines, directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Michel Wieviorka explique son engagement par l’idée que « la connaissance élève la capacité d’action. » Il dit avoir le « sentiment profond que les analyses doivent être développées pour mieux comprendre le monde ». Un sentiment qui résonne comme un leitmotiv de vie : « mon engagement vient peut-être de l’envie de jouer ne serait-ce qu’un petit rôle quelque part dans l’évolution de ce monde ».
« Je m’intéresse aux questions du mal plutôt que du bien »
Parisien de naissance et aîné d’une famille de quatre enfants, il est issu d’une famille juive d’origine polonaise. Un parcours particulièrement marqué par l’histoire puisque ses grands-parents paternels, furent arrêtés pendant la guerre et déportés à Auschwitz d’où ils ne sortiront pas vivants. « Je suis né dans une famille modeste où l’éducation était absolument primordiale». L’adolescence heureuse en banlieue parisienne laisse place à des études commerciales « mon père rêvait que je fasse une grande école scientifique, mais je n’étais pas très travailleur, je suis rentrée à l’ESCP », rapporte-t-il. Puis arrive mai 68: « je me sens très concerné sans trop savoir pourquoi », plaisante-t-il. « Je n’étais pas en révolte contre mes parents, ni particulièrement politisé ou opprimé, mais enthousiaste. C’était générationnel, c’était familial, c’était merveilleux : les gens se parlaient, il y avait de l’amitié, de la convivialité, une certaine confiance dans l’avenir, on était très loin du monde actuel ». Cette période laisse place à quelques années à l’université, où il se rapproche petit à petit du monde de la sociologie : « j’ai eu la chance de rencontrer deux immenses sociologues Manuel Castells et Alain Touraine, qui m’a embarqué dans son programme de recherche ». À partir de là l’itinéraire est tout tracé. « J’ai été un pionnier en France à faire du terrain pour étudier le terrorisme.» Ses recherches portent sur les notions de conflits, de violence, de racisme, d'antisémitisme et sur les mouvements sociaux : « Je me suis beaucoup intéressé aux questions du mal plutôt que du bien et suis devenu un chercheur reconnu pour mes travaux dans ce registre ».