Un parcours militant
En une trentaine d’années, l’ancien charismatique leader de Zebda a presque atteint le statut d’icône, au point qu’il s’impose déjà pour certains comme l’héritier naturel de Nougaro. « On commence à m’appeler Claude ! », confie-t-il, avec un mélange de fierté et d’amusement. « De chanson en chanson, lutte après lutte, les gens se font une idée de vous plus héroïque que la réalité. Au fond, je suis plus banal qu’un hérisson dans un jardin pavillonnaire ! » Piquant et sympathique, oui, mais en réalité, la comparaison s’arrête là. Sinon ce serait faire insulte au parcours militant, politique, musical et littéraire qui a progressivement mené cet ex-gamin des quartiers nord de Toulouse, qui se rêvait en Flaubert ou en Garcia Marquez, à décrocher en 2016 une place dans la sélection du prix Goncourt avec son ouvrage Ma part de Gaulois, récit de l’année où il est devenu le premier bachelier de sa cité. Une légitimité nouvelle qu’il compte bien mettre à profit, en poursuivant ses combats de toujours contre les discriminations de toute nature - entamés jeune en tant que militant associatif, puis parolier et chanteur de Zebda - essentiellement à travers la littérature. « À 20 ans, je pensais qu’avec une chanson, on pouvait changer le monde. Qu’avec du soutien scolaire, on allait sauver les mômes des quartiers et que la jeunesse immigrée basculerait dans la laïcité et non pas dans une forme de religiosité. Or on n’en est pas là. Il faut donc continuer le combat, revenir à la charge sur des thèmes visités et revisités. Mais en tant que quinqua, j’ai besoin de lutter de façon moins idéologique, moins frontale, avec plus de romanesque, d’humour et de distance, ce que me permet davantage la littérature. Depuis toujours, je suis un mec de l’écrit. »