PORTRAIT

Jérôme Laparra, pilier de la cause LGBTQIA +

Publié le 6 juin 2024
Temps de lecture : 3 min
Portrait Jerome Laparra Bandeau
© Aurélien Ferreira/CD31

Ancien président de Pride Toulouse, Jérôme Laparra est devenu une figure du mouvement LGBTQIA + en menant différentes actions au cours de sa vie.
 

Né à Cahors dans une famille plutôt tolérante, pétrie des valeurs humanistes du rugby, Jérôme Laparra, 58 ans, a su très jeune ce que c’est d’être différent : « J’étais un peu frêle, un peu timide. À l’école, ça n’a pas été simple. Sans aller jusqu’à parler de harcèlement, on peut dire que j’ai subi des brimades. J’ai longtemps caché mon orientation sexuelle. » Dans le milieu associatif LGBTQIA+, il fait aujourd’hui un peu figure de vétéran. Il faut dire que l’ancien président de Pride Toulouse a évolué, comme jeune adulte, à une époque où la cause homosexuelle était en pleine ébullition et les droits encore à conquérir. Nous sommes au milieu des années 80. On commence à parler des morts du sida : Rock Hudson, Klaus Nomi, Freddie Mercury puis Cyril Collard. « Dans les médias, on évoquait le sida en des termes révoltants comme le « cancer gay » et j’avais des copains malades. J’ai contacté les premières associations de lutte contre la maladie, mais c’était difficile de faire ma place. Et puis j’ai rejoint l’association Arc-en-Ciel Toulouse, qui luttait déjà contre les discriminations. C’était il y a 30 ans. Je n’ai pas arrêté depuis », se souvient-il.

Regain d'homophobie en France

Ancien décrocheur scolaire, et après avoir étudié sans enthousiasme les techniques bancaires et boursières, Jérôme Laparra trouve sa voie comme éducateur spécialisé et comédien. « J’ai longtemps travaillé dans l’animation. Maintenant, je suis à la tête de deux troupes de théâtre de comédiens en situation de handicap. Et puis je suis artiste drag queen avec mon alter ego Miss Bigoudi Flowers », précise-t-il. Tout en poursuivant son engagement associatif chez Pride, dont il a assuré la présidence en 2023, avant de passer le témoin à une collégiale composée de trentenaires. « Benjamin, Amandine, Stefano, Pauline et Patrice », s’empresse-t-il de rajouter. Pour autant, son enthousiasme reste intact. Son moteur ? La cause encore et toujours. Car les droits durement acquis restent fragiles et peuvent se perdre du jour au lendemain. Et de rappeler le récent rapport de SOS Homophobie qui parle d’un regain d’homophobie et de transphobie en France. « Je regrette aussi que nous manquions de bénévoles. À Pride, nous nous appuyons sur une dizaine tout au plus de personnes actives, toutes les bonnes volontés supplémentaires pour aider sont donc les bienvenues. » À bon entendeur…

Après la Journée mondiale contre l’homophobie le 17 mai, Pride organisera le 8 juin prochain à Toulouse la 29e Marche des fiertés. Un village des associations, une quarantaine en tout, se tiendra également place du Capitole. « C’est pour nous un événement militant et, pour la population LGBTQIA+, l’occasion d’être visible sans peur et en toute bienveillance. D’ailleurs, cette année, notre slogan sera : Uni•es•x pour l’égalité, fort•es•x dans la diversité. Nous appelons toutes celles et ceux qui sont contre les discriminations à venir  faire nombre dans la rue », indique Jérôme Laparra.