Diplômé de l’école de chimie de Lyon, c’est même par hasard qu’il s’est mis à étudier avec des glaciologues. « J’ai toujours voulu faire de la recherche, mais je ne savais pas dans quoi », se souvient Jean Jouzel. Souhaitant se rapprocher de sa Bretagne natale, il candidate pour une thèse en région parisienne sur les isotopes du soufre au sein du prestigieux Commissariat à l’énergie atomique (CEA), à Saclay, qu’il n’a plus quitté depuis. Mais le jour de la rentrée, le responsable du laboratoire – le scientifique Étienne Roth – avait oublié le sujet de sa thèse et lui propose de travailler sur… la formation de la grêle. « Il m’aurait proposé un sujet sur les lasers ; j’aurais aussi bien accepté ! »
Une découverte historique
Mais c’est ensuite sa rencontre avec le glaciologue Claude Lorius qui marque un tournant inattendu dans sa carrière. « J’étais loin de me douter que nos travaux de recherche, 40 ans plus tard, deviendraient un grand sujet d’actualité ! », admet le scientifique. Pourtant, dans les années 80, leurs études sur des forages glaciaires en Antarctique apportent la preuve scientifique qu’il existe un lien entre l’effet de serre et le climat. « Dès lors, les médias du monde entier ont commencé à s’intéresser à nos travaux ; j’ai même été interviewé par le New York Times en 1987, et aujourd’hui, il n’y a pas un jour où je ne suis pas sollicité », remarque Jean Jouzel. Il faut dire qu’à 72 ans, le climatologue semble aussi à l’aise sur un plateau de télévision pour expliquer qu’il faut limiter le réchauffement à 1,5°C que sur le terrain pour étudier des carottes glaciaires !