Les jeunes vous semblent-ils sensibles à ces questions ?
Oui, tout à fait. Ce discours leur offre une grille de lecture sur le passage à l’acte. Et ils le comprennent parfaitement. Ils comprennent ce qu’est une idéologie, un système de croyance indépassable, ils comprennent les événements militaires de la Seconde guerre mondiale, qu’il faut relier au prisme de l’idéologie. Après les attentats de New York, par exemple, on avait étudié le discours de Ben Laden en classe, et une de mes élèves avait dit « c’est un discours idéologique ». Elle avait tout compris.
De quelles armes disposons-nous aujourd’hui pour lutter contre les idéologies ?
C’est la pédagogie, l’éducation, mais pas seulement. Je crois que le rôle de l’école, par exemple, car l’école ne peut pas tout faire, c’est aussi de créer des référents adultes, sur lesquels les élèves peuvent compter. Des référents intellectuels, mais aussi humains. C’est aussi créer des dynamiques au sein de l’école qui font que les élèves sont heureux de venir à l’école pour y apprendre des choses, mais aussi vivre des aventures. Tout cela crée des liens, une sociabilité qui permet aux élèves d’aimer l’école, et s’ils aiment l’école, ils pourront s’investir dans leur scolarité d’une manière ou d’une autre, et ainsi se confronter à des discours qu’ils n’entendent pas forcément chez eux.
Vous est-il déjà arrivé de subir une discrimination en raison de votre religion ?
Oui. J’ai été agressé physiquement une fois par un groupe d’extrême droite, quand j’étais étudiant à la Sorbonne, et on m’a traité de « youpin ».