PORTRAIT

Heeka, une musicienne entre ombre et lumière

Publié le 30 janvier 2023
Temps de lecture : 3 min
Heeka
© Aurélien Ferreira
Heeka

Chignon blond XXL décoiffé, doudoune flashy et rire mutin, Heeka est tout aussi solaire que sa musique est sombre. À tout juste 26 ans, la jeune chanteuse punk folk, originaire de Belgique flamande, fait partie des tout récents lauréats de la bourse Initi’active Jeunesses du Département. Portrait.

Il s’en est fallu d’un cheveu pour qu'elle emprunte une toute autre voie. Heeka (prononcer Eka à la flamande), c’est le nom de scène d’Hanneke, jeune Belge originaire d’Anvers, qui arrive à l’âge d’un an et demi dans le Gers avec sa famille. Dès son arrivée en France, ses parents l’inscrivent à l’école de cirque d’Auch qui abrite un pôle national réputé, Circa. « J’ai beaucoup aimé le côté physique et technique mais aussi que ce soit un monde de création sans limite », se souvient Hanneke. La jeune fille trace sa route : école nationale de cirque de Châtellerault, école nationale des Arts du Cirque de Rosny-sous-Bois, Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne. Un parcours sans faute pour devenir circassienne professionnelle. Mais à 20 ans, une blessure au genou vient contrecarrer cette première passion. Adieu à son rêve d’être voltigeuse. Elle ne se voit pas faire autre chose qu’artiste… la musique s’imposera à elle. Il y a tout juste 4 ans, Hanneke repart de zéro et suit la formation « Parcours d’artistes » d’Octopus, fédération des musiques actuelles en Occitanie. « Cela m’a tout appris des arcanes de la musique, moi qui composais mes premières chansons dans ma chambre et ne connaissais rien du milieu. Après, je me suis entourée d’un bassiste, d’un guitariste, d’un batteur et j’ai commencé à faire mes premiers concerts », raconte-t-elle. Heeka, une sonorité dérivée de son propre prénom, était née. 

Regard acéré sur les injustices sociales

« Malgré 11 ans de cirque, je ne regrette rien car je m’épanouis complètement. L’écriture (en anglais) et la musique me permettent d’extérioriser mes émotions, mes indignations et mes rages. Et sur scène, tout cela éclate de façon intense, parfois de façon très brut, très rock, parfois de façon plus intimiste », explique la jeune artiste, désormais installée à Toulouse mais qui trouve son inspiration dans la nature. « Je ne suis jamais plus heureuse qu’au bord d’un lac ou dans les Pyrénées », concède-t-elle. La musique d’Heeka n’a pourtant rien d’une douce bluette. « Ma musique est sombre, engagée, enragée même. Dans mes morceaux, je dénonce beaucoup : l’état du monde qui m’exaspère, les injustices, la violence des forts contre les faibles…», explique la jeune artiste. Et puis, il y a aussi chez elle la volonté d’amener la musique aux publics éloignés et empêchés. « Je me suis aperçue que c’était toujours un peu les mêmes personnes qui venaient aux concerts et donc j’ai voulu partager avec un plus large public », raconte-elle. En janvier dernier, après 3 jours de résidence à la Pistouflerie à Cassagnabère Tournas, elle a notamment pu se produire devant un public composé de demandeurs d’asile. Une très belle expérience pour Heeka. C’est cette fibre qui a séduit le Département qui vient de lui décerner la bourse Initi’active Jeunesses.  

Heeka en concert
© Mathieu Lacout
Heeka en concert

Objectif : un album en 2023

Tout va désormais très vite pour elle. On la retrouvera sur scène le 10 février prochain à 20h30 à Beauzelle à la salle Garossos. Le 8 février, elle rencontrera les adolescents de l’école de musique de la commune. Pour tout cela, elle a bénéficié d’un autre dispositif départemental : Artistes en scène. Elle partagera l’affiche avec Joye, artiste électro, elle aussi lauréate de la bourse Initi’active Jeunesses. En 2023, Heeka, qui s’est déjà adjoint les services d’un tourneur, pour multiplier les dates de concert, s’est aussi fixé pour objectif de sortir son futur album en France et dans son pays natal auquel elle reste très attachée. Rendez-vous dans les bacs à l’automne pour le découvrir.