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"Être au plus près des Haut-Garonnais" - entretien avec Sébastien Vincini

Publié le 9 janvier 2023
Temps de lecture : 5 min
© Aurélien Ferreira
Le Président du Conseil départemental, Sébastien Vincini

En cette nouvelle année 2024, Sébastien Vincini, Président du Conseil départemental de la Haute-Garonne, livre dans cette interview les objectifs et priorités de l'Institution.

En ce début d'année 2024, marqué par une contexte national et international difficile, comment vous positionnez-vous ?

Sébastien Vincini : Tout d’abord, j’adresse mes vœux de bon-heur et de santé aux Haut-Garonnaises et aux Haut-Garonnais. Malgré un contexte national et international difficile, avec la résurgence du terrorisme et les conflits au Proche-Orient et en Ukraine, je conserve néanmoins mon optimisme. Pour autant, cela ne m’empêche pas d’être lucide. La situation de crise économique et la remise en cause des acquis sociaux placent bon nombre de nos concitoyens dans une situation très difficile. Le Conseil départemental, à son niveau, prend sa part pour redonner tout son sens à la justice sociale et climatique, aux solidarités, aux services de proximité. En tant que président, je veux mener des politiques ambitieuses, au plus proche des réalités et de nos concitoyens. Ma méthode consiste à aller plus vite et être plus proche des Haut-Garonnais ! 


Vous parlez beaucoup de "cumul des forces". Comment le Département coopère-t-il avec ses partenaires ?

C’est en travaillant et en partageant nos savoir-faire, avec nos partenaires publics et privés, que nous sommes plus efficaces dans tous les domaines : l’action sociale, les transports, la culture, l’éducation, l’aménagement du territoire. Nous pouvons et devons travailler main dans la main pour avancer plus vite et faire émerger des projets répondant aux attentes de nos concitoyens. Nous devons être là où nous sommes attendus, au plus près des besoins des Haut-Garonnaises et des Haut- Garonnais. 

Nous devons être là où nous sommes attendus, au plus près.

Cela passe notamment par l'implantation de services publics dans les territoires...

En effet, nous devons ancrer nos politiques publiques dans les réalités de vie des Haut-Garonnais. Nous souhaitons qu’ils puissent effectuer leurs démarches du quotidien dans des structures départementales proches de chez eux. L’adaptation de l’implantation des Maisons des solidarités (MDS) entamée il y a un mois, et qui va se poursuivre toute cette année, entre dans cette logique, tout comme le déploiement des Maisons de proximité (MDP). La hausse de la fréquentation confirme que nous avons raison de croire en la proxi-mité. Au sein de ces MDS et MDP, mais également à la Maison dépar-tementale des personnes handica-pées (MDPH), un défi nous attend : continuer à rapprocher le temps administratif de celui des préoccu-pations des usagers.

La tolérance et le respect de l’autre ne se décrètent pas. Ils s’apprennent. C’est le travail que  nous menons de concert avec les acteurs associatifs et l’Éducation nationale.

L’éducation demeure un domaine dans lequel le Département mène des politiques ambitieuses et reconnues. Quelles sont les principales mesures qui seront adoptées en 2024 ?

Au regard de l’actualité récente, il est important pour le Département de défendre le vivre-ensemble, les valeurs d’égalité et de laïcité. Les plans de mixité sociale et de lutte contre le harcèlement scolaire s’inscrivent dans cette logique. En 2024, les enfants comme les personnels éducatifs et tech-niques des 121 collèges du Département doivent pouvoir vivre et étudier dans un environnement serein et respectueux. Pour rendre lisibles nos actions, nous allons travailler à la définition d’un Projet éducatif départemental. Il donnera le cadre et les objectifs de notre politique en faveur des 68 000 collégiens et collégiennes de Haute-Garonne.

Quelles sont les mesures que vous allez prendre afin de lutter contre les précarités ?

Les précarités sont à l’image de la population, multiples. Face aux difficultés rencontrées par un nombre croissant de nos concitoyens pour se nourrir et se loger correctement, payer les factures d’énergie, se soigner dans de bonnes conditions, nous devons intensifier nos efforts. Nous renforçons nos politiques de solidarité qui visent à subvenir aux besoins essentiels sur l’ensemble du territoire, par exemple, en soutenant la création d’une sécurité sociale alimentaire ou en favorisant la construction de logements. La Haute-Garonne compte près de 50 000 demandeurs de logements sociaux. C’est beaucoup trop.

© Aurélien Ferreira

L’insertion, un enjeu social important...

Essentiel ! Avant tout, je tiens à rappeler que les poli-tiques de solidarité et d’insertion représentent la part la plus importante de notre budget. Notre rôle est de trouver les réponses adaptées à toutes les situations. Le Plan départemental pour l’insertion et l’emploi (PDIE) adopté par le Conseil départemental le 17 octobre dernier s’inscrit dans ce cadre. Il pérennise les démarches des personnes engagées dans des processus d’insertion et de recherche d’emploi, tout en leur rendant confiance et dignité. Nous allons par exemple, créer un parcours spécifique pour les bénéficiaires du RSA « jeunes diplômés » ou encore développer la « médiation emploi-entreprise » pour les personnes en parcours social ou socio-professionnel. Notre souhait est d’associer directement les allocataires à la mise en œuvre de ces nouvelles pratiques. Avec la concer-tation, nous voulons lever les freins à l’insertion. Nous croyons plus à l’accompagnement qu’au fait d’obliger sans discernement tous les bénéficiaires du RSA à 15 heures de travail hebdomadaires. 

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Face au dérèglement climatique, vous appelez à une "nécessaire bifurcation écologique". Comment cela se concrétise-t-il pour le Département ?

Les épisodes de canicule et d’intempéries que nous avons traversés récemment démontrent que le dérèglement climatique est une réalité à laquelle nous devons nous adapter. Notre action s’inscrit à de nombreux niveaux. Les programmes de décarbo-nation des routes et d’adaptation climatique des collèges vont se poursuivre. D’ici à 2027, nous avons l’objectif que les cantines scolaires des 100 collèges publics de Haute-Garonne servent des repas 100 % locaux, faits maison et bio, tandis que nous poursuivrons les actions de préservation de la ressource en eau dans le cadre du projet de territoire Garon’Amont.

Je reste convaincu que les transports collectifs, le covoiturage et le vélo constituent des alternatives pertinentes au ‘‘tout voiture’’.

Vous souhaitez aller '"plus vite et plus loin" en matière de mobilités. Comment cela va-t-il se matérialiser en 2024 ?

Il faut bien comprendre que les mobilités et les trans-ports demeurent la question prioritaire dans notre quotidien. Surtout dans une métropole toulousaine saturée. Nous allons continuer à aménager les aires de covoiturage et les réseaux de pistes cyclables de demain avec le déploiement des Réseaux express vélo (REV) autour de la métropole toulousaine. Nous sommes déterminés également à porter nos efforts sur les transports collectifs avec le projet de Services express régionaux métropolitains (SERM). Nous devons proposer avec l’État, la Région, Tisséo et Toulouse Métropole une offre de déplacement de qualité. L’enjeu est primordial pour les habitants et le territoire.

INFO : une lettre d’information vous sera adressée en complément, la semaine du 22 janvier, pour vous informer sur les grandes orientations des politiques publiques départementales.