PORTRAIT

Dimitri Pavadé : un para-athlète d'exception qui s'engage

Publié le 1 juillet 2024
Temps de lecture : 3 min
Dimitri Pavadé, spécialiste du sprint et de la longueur.
© Aurélien Ferreira / CD31
Dimitri Pavadé, spécialiste du sprint et de la longueur.

Athlète paralympique d'origine réunionnaise, Dimitri Pavadé porte les couleurs du club d’athlétisme de Tournefeuille. Vice-champion olympique à Tokyo (2021), auréolé du record de France de saut en longueur, il a échoué au pied du podium lors des Jeux Paralympiques de Paris 2024. S'il s'est distingué par sa performance, il a ému les Français par son coming-out plein d'humour à l'issue de la compétition.

"Oui je suis petit, métis, unijambiste, et pour en remettre une couche, gay !" écrit sur Instagram, samedi 7 septembre, Dimitri Pavadé. À 35 ans, Dimitri Pavadé n'a peur de rien et encore moins d'être courageux. Dans la vie, il revient de loin. À l’été 2023, une rupture des ligaments croisés antérieurs du genou gauche, celui de sa jambe amputée depuis 2007 suite à un accident de travail, lui avait fait craindre le pire quant à sa participation aux JP de Paris. Mais à force de rééducation et de travail, Dimitri Pavadé a bel et bien été présent sur la piste violette du Stade de France et dans le sautoir où il a terminé à une belle 4e place, loin de l'intouchable star allemande Markus Rehm.

Son année 2024 restera magnifique. Elle a été marquée par le record de France de la discipline, avec un saut à 7,59 m.

Sur la piste comme dans la vie, le Réunionnais n’y va pas par quatre chemins : « je ne regrette pas cet accident, il a changé ma vie en positif » explique-t-il. En 2009 après deux ans de rééducation, il enchaine les boulots mais se décide rapidement « à quitter mon caillou, je ne voulais pas rester à la Réunion ». En 2013, il postule en métropole, enchaine sur un CAP avant de poser ses valises à Toulouse. En parallèle de ses entraînements, il coache également les jeunes athlètes handisport.

Des rencontres décisives

Modèle parfait de résilience, il le clame haut et fort, son handicap lui a ouvert des portes. Des opportunités de rencontres notamment. « Il y a huit ans lors d’un stage, j’ai rencontré mon actuel PDG qui m’a proposé de tester des lames de course à pied ». Désormais agent technique prothésiste, il monte et façonne des prothèses le jour. Le soir, il laisse sa prothèse sur le bord de la piste pour enfiler une lame de course : « les sensations sont incroyables ». 

La même année, il récolte une première moisson de médailles qui attire l’attention des sélectionneurs de l’équipe de France qui le retiennent en 2018. Ses spécialités ? 100 mètres, 200 mètres et saut en longueur. Il dit prendre la vie "comme elle vient", certain que cet accident de parcours n'en est pas réellement un. Les opportunités s'enchaînent, avec des propositions venant de plusieurs marques, comme le Coq Sportif par exemple.

En 2019, il obtient une médaille d'argent aux championnats du monde de Dubaï en saut en longueur avec une performance à 7,25 m réalisé à sa première tentative. En 2021, il est vice-champion d'Europe, puis quelques mois plus tard vice-champion paralympique de la longueur (T64) à Tokyo avec un saut à 7,39 m. L’armoire à trophées de Dimitri Pavadé est déjà bien remplie.