PORTRAIT

Denis Cracco : La révélation de l'agriculture biologique

Publié le 25 février 2019
Temps de lecture : 4 min
L'exploitation de Denis Cracco est certifiée bio depuis 2014.
© Aurélien Ferreira/CD31
L'exploitation de Denis Cracco est certifiée bio depuis 2014.

Ce toulousain, fils d'agriculteur est tombé dans la marmite lorsqu'il était petit. Il faut dire que l'agriculture se transmet de père en fils dans la famille. Issu de parents immigrés italiens, Denis Cracco a déjà une belle carrière derrière lui et replonge aujourd'hui avec hâte dans ses souvenirs.

Il évoque une enfance bercée par la modernisation de l'agriculture :

" il fallait produire plus, la mécanisation était de plus en plus présente ainsi que la pulvérisation importante de produits phyto. Je me suis toujours posée des questions sur ces produits, j'ai toujours été un peu mal à l'aise avec ça "

L'effet pervers de la monoculture

Il se dirige dans un premier temps vers un IUT génie électrique, qu'il abandonne en cours de route, déterminé à travailler sur la ferme familiale. Quelques années plus tard, il fera une école par correspondance, afin de décrocher un diplôme qui lui permettra de s'installer avec du foncier. Mais lorsque son père décède, il n'a encore que peu de terre :

" je me retrouve sans exploitation mais avec beaucoup de matériel "

À ce moment, la Société foncière d'économie rurale, lui permet d'occuper une trentaine d'hectares en occupation précaire. Tout par de là. Petit à petit il achète des terres à Merville et réussit à créer son exploitation sur les traces de son père. Une fois installé, il lui faut bien admettre que ses terres s'appauvrissent rapidement : 

" au début j'avais une grande facilité à travailler mes terres mais plus le temps passait plus les étapes étaient nécessaires pour que les sols donnent. "

Son explication? La monoculture du maïs et l'utilisation de produits chimiques. 

Laisser la nature s'équilibrer

Après la tempête de 1999 qui ravage tout sur un couloir de 4 à 5 km de long, autour des terres de Denis, ce dernier prend un nouveau virage : 

" pour être honnête c'est d'abord l'aspect financier de la culture bio qui m'a attiré car le maïs bio était rare et donc cher ! "

Il se forme donc à l'agriculture bio et son exploitation est certifiée dès 2004 :

" j'ai vu ma terre évoluer dans l'autre sens, j'ai pu observer que la monoculture n'a rien de bon pour le sol, il faut effectuer une rotation et laisser la nature s'équilibrer "

Il diversifie donc peu à peu ses cultures avec du blé, des lentilles, du soja, du tournesol, mais aussi de l'orge, du lin et de l'avoine. Aujourd'hui Denis gère 140 hectares au total ainsi qu'une centaine de moutons : " l'élevage et l'agriculture bio ça se complète tout à fait! " Sur les conseils de ses conseillers agroenvironnement, Denis met en place des couverts pour améliorer la fertilité de ses sols et pour nourrir son troupeau. La présence de son élevage de brebis conduit en label rouge, lui permet de diversifier les cultures et facilite l’application des principes de l’agro-écologie sur son exploitation conduite en bio et sans labour.

" Avec la bio il n'y a pas de recette, seulement de l'observation! "

Aujourd'hui Denis porte un regard d'expert sur son parcours : 

" si j'avais su je serais passé à l'agriculture bio bien plus tôt, c'est une évidence! C'est un travail d'observation, une toute autre manière de travailler absolument passionnante! "

Petit à petit l'agriculteur se prépare à passer la main sur l'exploitation qu'il a façonnée étape après étape, avec l'espoir que la travail apporté en agriculture biologique soit respecté et poursuivi.

Ensemble pour protéger la qualité des sols

Denis a bénéficié d’une subvention du Conseil départemental pour la construction d’un hangar en bois lorsqu’il a développé son élevage. Par ailleurs, l'agriculteur cultive des parcelles sur un territoire concerné par la campagne de sensibilisation à la prévention de l’érosion menée depuis 2018 par le Conseil départemental, en concertation avec les Maires, auprès des agriculteurs. Il s’agit de prévenir les coulées de boues sur routes départementales en favorisant les pratiques culturales adaptées à la protection des sols (couverture des sols, prévention du tassement, modification de l’assolement …) ou de favoriser l’implantation de haies et bandes enherbées.

Le Conseil départemental propose 16 aides différentes en soutien aux agriculteurs.