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Décès de la résistante Jeanine Morisse-Messerli

Publié le 13 septembre 2021
Temps de lecture : 3 min
Jeanine Morisse Messerli
© collection MDR&D
Elle s'était engagée dans la Résistance dès l'appel du général de Gaulle, le 18 juin 1940.

Jeanine Morisse, épouse Messerli, figure de la Résistance toulousaine, est décédée le 11 septembre dernier à l’âge de 100 ans. 

Née le 19 mai 1921 à Auch (Gers), Jeanine Morisse est étudiante aux beaux-arts à Toulouse lorsqu’elle décide de devenir résistante. Nous sommes le 18 juin 1940, jour de l'appel du général de Gaulle. La jeune femme devient alors agent de liaison entre le lieutenant anglais Marcus Bloom, un opérateur radio, et son chef de réseau. En 1943, dénoncée, la résistante est obligée de se cacher successivement dans plusieurs petits villages du Gers. Elle est finalement arrêtée en avril 1943 avec son père, également membre de la résistance. 

D’abord emprisonnée dans la prison de Furgole à Toulouse, elle est déportée en train jusqu'à la prison de Fresnes (au sud de Paris) le 28 mai 1943. Elle y reste 8 mois. Le 25 janvier 1944, elle est déportée en camion au camp de Compiègne à Paris, où elle retrouve ses amis de la résistance toulousaine. Le 31 janvier, elle part en train depuis la gare de l'Est et arrive le 3 février 1944 à Ravensbrück.

"Indescriptible"

Elle y découvre un monde inhumain. « Je ne pourrais jamais dire ce qui se passa en nous en franchissant cette porte, cette voûte, témoignera-t-elle des années plus tard. Nous avions l'impression de vivre un cauchemar, de laisser le monde des humains pour entrer dans un monde de terreur. » Finalement, le 31 juillet 1944, Jeanine Morisse-Messerli est déportée avec un petit groupe de Françaises pour Schlieben, un petit village du Brandebourg allemand situé à côté d’une poudrerie où elle doit travailler.

Elle y reste jusqu’à la désertion des officiers allemands fin avril 1945 et l’arrivée des Russes qui libèrent le camp quelques jours plus tard. A la fin de la guerre, Jeanine Morisse-Messerli s’installe à Toulouse et y exerce le métier de décoratrice. Pendant longtemps, elle aura beaucoup de mal à témoigner et à raconter sa vie dans les camps, avant de publier un livre, Là d’où je viens, en 2008.

« C’est indescriptible, écrit-elle. La destruction de l’être par cette machine infernale, le nazisme, qui ne voulait pas seulement détruire le corps, mais l’esprit, l’âme. Le plus profond de l’être, l'avilissement total. »

Témoin précieux de l'Histoire

Durant les années qui ont suivi la publication de cet ouvrage, Jeanine Morisse-Messerli a été l'une des témoins majeurs du Musée départemental de la Résistance et de la Déportation, allant à la rencontre des publics scolaires pour raconter son histoire et faisant don au Musée de plusieurs effets personnels : sa tenue de déportée, des poèmes écrits durant sa déportation sur du papier kraft ou encore des messages écrits sur des bandelettes de tissus et qu’elle cousait dans les ourlets de ses vêtements pour les envoyer à sa famille depuis la prison de Fresnes… Autant d'éléments précieux qui ont permis une meilleure compréhension de ce que pouvait être la vie dans les camps.