Cross, chant des collèges, un spectacle contre le harcèlement

Publié le 27 juin 2024
Temps de lecture : 3 min
Répétitions Cross Chants des Collèges Centre Henri Desbals
© Adrien Nowak/CD31

Pendant un an, 40 élèves, de la 6e à la 3e du collège Nicolas Vauquelin dans le quartier du Grand Mirail à Toulouse, ont participé à la création d'un spectacle de théâtre musical qui aborde la question du harcèlement. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre de la Manufacture des sons, portée par la compagnie de théâtre Nelson Dumont et qui bénéficie du soutien du Département.

Blake, 12 ans, est collégienne. Un soir dans l’intimité de sa chambre, elle crée un profil sur les réseaux sociaux. S’ensuit alors une vague de haine contre elle. C’est le point de départ de Cross, chant des collèges, une création théâtrale de l’autrice Julie Rosselo-Rochet, adaptée et mise en musique par la compagnie théâtrale Nelson Dumont et le compositeur Pawel Matak. Une compagnie qui avec le projet Manufacture des sons, permet aux élèves des écoles et des collèges de la Haute-Garonne de lire des textes d'auteurs contemporains, de découvrir les pratiques artistiques en atelier et de présenter au public des créations originales : théâtre musical, lecture publique, spectacle itinérant, théâtre-danse.

Les 24 et 27 mai derniers, Cross chant des collèges a été jouée au Centre culturel Henri Desbals avec des comédiens pas comme les autres puisque ce sont les élèves eux-mêmes qui ont endossé les rôles de Blake et de ses camarades, accompagnés par un groupe de musiciens aux tonalités rock.

Descente aux enfers

Sur scène, pendant une semaine, du lundi au vendredi, on est témoin de la descente aux enfers de la jeune fille, jouée alternativement par trois collégiennes : « Salut l’anorexique », « fille de Satan », « prends garde à toi », « tu ressembles à une sauterelle, moi j’écrase les insectes ». Les insultes et menaces fusent sur le chemin du collège, en classe dans de petits papiers froissés envoyés à la dérobée et le soir sur les réseaux sociaux. Des chants ponctuent ces saynètes réalistes. « Nous avons travaillé la partie théâtrale pendant un an avec 18 collégiens qui participent à l’atelier choral du collège. À la fin, Blake, grâce à sa propre résilience et avec l'aide des adultes de son collège va réussir à s’en sortir », résume Yves Gilbert, metteur en scène du spectacle.

Traitement réaliste

Un an pendant lequel les collégiens ont considérablement mûri, comme l’explique Jacky Pastel, leur professeure d’éducation musicale : « Le projet est fédérateur et a donné confiance aux élèves. Certains d’entre eux ont accepté, sur la base du volontariat, de jouer la comédie. Enfin, la thématique du harcèlement et son traitement très réaliste a permis de libérer la parole ». Une satisfaction et une fierté partagée par les élèves comme Mayssane, élève de 3e : « Je participe à la chorale mais j’ai souhaité aussi m’investir en jouant une des harceleuses de Blake. Ça m’a permis de lutter contre mon trac, de parler fort et d’articuler pour mon oral de stage. Je vais même proposer le projet théâtre à l’oral du brevet ».