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CDEJA : les jeunes remettent leurs propositions

Publié le 16 octobre 2024
Temps de lecture : 6 min
© Aurélien Ferreira/CD31
Des jeunes du CDEJA et le président Sébastien Vincini

Voilà dix mois qu’ils travaillent ensemble. Les membres du Conseil des enfants et adolescents accueillis ont remis le 12 octobre aux élus leurs propositions pour améliorer les politiques départementales en matière de protection de l’enfance. La fin d’un cycle avant le lancement d’un nouveau CDEJA avec de nouveaux jeunes Haut-Garonnais en février 2025.

En ce samedi d’octobre, c’est une page qui se tourne à l’Hôtel du Département. Les membres du Conseil départemental des enfants et des jeunes accueillis à l’aide sociale à l’enfance (CDEJA) sont venus remettre leurs propositions au président Sébastien Vincini et à la vice-présidente en charge de la protection de l’Enfance et de la Famille, Annie Vieu. 

Un moment un peu solennel et intimidant pour celles et ceux, une vingtaine de filles et de garçons de 6 à 20 ans, volontaires parmi 3800 jeunes du même âge accueillis en Haute-Garonne, qui doivent prendre la parole dans la salle de l’Assemblée. Devant eux, un parterre de professionnels (professionnels de l’Aide Sociale à l’Enfance, juges pour enfants, éducateurs spécialisés, assistants sociaux et assistants familiaux, etc.).

Dans leurs regards et dans leurs mots, on sent aussi une forme de fierté. Car depuis décembre 2023, ils ont réfléchi collectivement à la manière dont pourrait être améliorée leur vie quotidienne, notamment le premier accueil et les relations avec les professionnels de la protection de l’enfance. Deux thématiques bien précises qu’ils ont eux-mêmes choisies. 

Difficultés, envies et espoirs

Entre janvier et avril 2024, accompagnés par les services du Département, ils se sont rencontrés  à plusieurs reprises entre Toulouse, Labège, le Lauragais ou le Comminges. Pendant ces quelques mois, ils ont partagé leurs difficultés, leurs envies et leurs espoirs. A., 15 ans, ambitionne d’être avocat pénaliste et fait partie des jeunes présents depuis le début. Il témoigne : « C’est grâce aux efforts de tous, même les plus timides qu’on a réussi. Une proposition qui me touche ? À l’avenir, j’aimerais qu’on interdise l’accueil de nuit dans les lieux de vie. Ça a été mon cas, la première fois, je n’avais pas de repère, c’était angoissant. En journée, on a plus de facilité pour faire des connaissances et se retourner ». Parmi les autres propositions, une vingtaine en tout, les jeunes ont également demandé que soit proposé pour les plus petits un « kit d’affection » avec des choses rassurantes comme un doudou, des bonbons, une balle anti-stress, ils ont aussi évoqué un "book de vie" ou un cahier pour y écrire les moments importants de leur quotidien ainsi qu'une boîte pour conserver leurs souvenirs. Tous aspirent à être davantage écoutés et considérés comme acteurs ou actrices. L’idée de pouvoir échanger entre pairs revient aussi beaucoup chez eux. C’est le cas de la jeune L., 17 ans : « Nous avons bien été accompagnés et notre parole n’a pas été remise en question. J’ai gagné en confiance en côtoyant des professionnels et aussi d’autres jeunes comme moi, des enfants placés et de différents âges. C’était valorisant ». 

Ambassadrices et ambassadeurs

C'est un moment fort pour le président Sébastien Vincini : « Il y a quelques mois de cela j’ai été profondément marqué par cette rencontre avec les jeunes. J’ai entendu leurs propositions et je m’engage à ce qu’elles soient étudiées. Grâce à leur travail, nous allons d’ores et déjà pouvoir déployer des actions concrètes. Ce travail ne s’arrêtera pas là, il se poursuivra l’année prochaine ». 

Il est désormais question que les jeunes de la saison 1 du CDEJA transmettent le flambeau à la prochaine « génération » l’an prochain. A., 20 ans est séduite par la proposition de devenir « ambassadrice ». Elle pense déjà à l’après : « Pourquoi pas ouvrir à des jeunes qui sont sortis de l’Aide sociale à  l’enfance mais qui pourraient témoigner de ce qu’ils sont devenus ?».


Rendez-vous donc en février pour la prochaine édition de cette démarche novatrice (le Département de la Haute-Garonne fait partie des rares collectivités en France à le proposer). Et une nouvelle page à écrire...

Donner la parole aux enfants et aux jeunes accueillis à l’ASE (Aide Sociale à l’enfance) pour améliorer leur prise en charge. Tel est l’objectif du CDEJA (Conseil départemental des enfants et des jeunes accueillis à l’aide sociale à l’enfance), instance participative mise en place par le Département depuis décembre 2023. Ce samedi 27 avril, à la Médiathèque départementale, les enfants et les jeunes ont mis en commun les propositions construites dans les ateliers de concertation (organisés près de leurs lieux d'accueil) et préparé la présentation qu'ils en feront ensemble aux élus.


« Être écouté »… « être VRAIMENT écouté »… « dire ‘ACCUEILLIS’ à l’ASE et pas « PLACÉS », on n’est pas des objets ! ». Devant les feuilles blanches, à voix haute ou dans les dessins, la parole se libère. Le Conseil départemental souhaite entendre les jeunes de l’ASE, et ça tombe bien, c’est aussi leur souhait. « Les consulter, c’est respecter les droits des enfants, c’est les rendre acteurs, et c’est précisément ce qu’ils nous demandent », confirme Sylvie Malinowski, sociologue et chef du projet CDEJA.


En décembre 2023, les jeunes avaient déjà été reçus au Conseil départemental. L’accueil des élus et du président, qui avait passé une bonne partie de la journée à leurs côtés, les avait particulièrement touchés. Tout comme l'implication des agents du Département, qui avaient suivi une formation spéciale pour faciliter la participation des enfants  : « On a vu qu’il y avait des personnes qui voulaient vraiment nous aider, ça nous a donné envie à nous aussi d’aider les plus jeunes, pour qu’ils se sentent moins perdus, moins seuls » confie S., 15 ans. Car c’est aussi l’un des intérêts de ces rencontres : offrir aux jeunes un espace sécurisé pour parler de leur expérience en famille d’accueil ou en maison d’enfants. « À l’école, je ne parle pas de ma famille d’accueil. J’ai peur d’être harcelée. Ça fait du bien d’en parler avec d’autres enfants dans le même cas que moi » rajoute C., 10 ans.

Ce qu'ils expriment ? Être plus en lien, entre eux, entre jeunes d’un même territoire, et plus impliqués dans les décisions qui impactent leur quotidien, avec leur référent notamment, à l'ASE ou dans les lieux d'accueil. Épaulés par l’équipe du CDEJA, les jeunes adolescents qui sont là s'emploient à dépoussiérer l’image de l’Aide sociale à l’enfance. Futur écrivaine, éducatrice spécialisée ou même avocat pénaliste, ils savent ce qu’ils veulent et se donnent les moyens d’y arriver, tout en étant soucieux d’accompagner les plus jeunes. En préparant une vidéo pour faire connaître le CDEJA par exemple… Pour que « tous puissent s’en sortir parce que tous le méritent » !

Après les ateliers, les enfants et les jeunes ont pu se détendre et mieux faire connaissance pendant un temps de jeu, avant d'assister à un spectacle de cirque pour les remercier de leur assiduité. Rendez-vous le 15 juin, au Conseil départemental, pour la remise en main propre au président et aux élus des propositions du CDEJA.