« Caffe sola » retrace l’histoire de Maria, une jeune femme, fraîchement débarquée d’Italie : elle arrive en France, en Lorraine, pour fuir la misère et trouver du travail. Son mari et sa fille sont restés au pays, faute de papiers valides. Sa valise ne pèse pas lourd, elle ne sait ni lire ni écrire en français. Son café restretto ne convainc pas son concierge, monsieur Riou, mais elle le déride peu à peu avec sa joie de vivre, son accordéon, et, soyons honnête, la grappa du pays. Maria ânonne ses premiers mots de français grâce aux émissions qu'elle écoute à la radio, s'entête à parler italien à monsieur Riou qui n'y comprend rien, et surtout rêve, et grâce à ses rêves, fait apparaître sur scène les êtres chers laissés derrière elle. Attachante, Maria invente un langage fait de musiques et de chants de son pays natal pour dépasser la barrière de la langue et se faire un ami français, monsieur Riou.
Sur scène, la Compagnie Mano libre se résume à deux acteurs seulement, Antoinette Crémona et Franck Charron (et d’un technicien son en coulisse, Nicolas Sentenac). Mais quand les marionnettes s'en mêlent, c'est toute la famille italienne de Maria qui s'agite devant la pasta. Une cugina (cousine) du public est même invitée à partager leur repas. Jouant sur l'humour des quiproquos linguistiques, enchaînant théâtre d’objet, marionnettes, musique et théâtre d’improvisation, ce « Caffe sola » est un spectacle joyeux et interactif qui a ravi le public rassemblé à l'Abbaye de Bonnefont. À l’image de la joie de vivre qui, dans les souvenirs d'enfance d'Antoinette, animait les immigrés italiens malgré les blessures de l’exil.