Bifurcation écologique : penser la résilience territoriale de demain

Publié le 8 octobre 2024
Temps de lecture : 3 min
© Aurélien Ferreira/CD31
Arthur KELLER, le 2 octobre lors de sa venue au Conseil départemental.

Arthur Keller, spécialiste des risques systémiques, était présent le 2 octobre 2024 à l'Hôtel de Département pour une conférence-formation destinée aux collectivités et associations. Le thème : « Faire face aux crises sociétales en construisant la résilience de son territoire ». Retour sur cette journée, entre nécessaire prise de conscience et pistes locales de résilience.

Le président du Conseil départemental Sébastien Vincini avait posé les jalons d’emblée : « Si (Arthur Keller) vous allez démontrer que le climat n’est qu’une pièce du puzzle, une vérité s’impose : la Haute-Garonne est aujourd’hui qualifiée par les scientifiques comme un « hotspot » du réchauffement climatique. 2022-2023 ont été des années références qui ont marqué les esprits. Ce qu’on projetait dans les études Garonne 2050, on l’a déjà vécu. »

Des propos corroborés par deux experts du Cerema 31 (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) qui accompagne le Conseil départemental depuis un an dans son diagnostic des vulnérabilités au changement climatique. 

Remise en question

Une bonne introduction pour Arthur Keller, de retour après une conférence marquante en 2022 avec Cyril Dion. L’expert en stratégies de résilience n’y va pas par quatre chemins : « Je suis ici pour réveiller les gens. On n’a toujours pas compris ce qui est en train de se jouer. La vie sur Terre est en train de s’effondrer et on regarde Netflix. » D’attaquer : « Les problèmes, on les connaît, les scientifiques ont des préconisations, ça manque juste de vision et de volonté. Tout le monde devrait se remettre en question. »

Le constat de l’aveuglement est cinglant. « Produire et consommer moins, ça, on ne sait pas faire », « la technologie ne nous sauvera pas », « on est face à un dépassement écologique planétaire depuis 50 ans, il faut changer alors qu’on fait des petits efforts ». 

Inventer un nouveau récit et partir du local

Comment faire, alors ? « Après le tsunami, il faudra reconstruire autre chose. Il nous faut un nouvel imaginaire collectif. », explique Arthiur keller. Sébastien Vincini avait déjà esquissé le sujet : « Pour montrer que ce futur lucide puisse être désirable, il nous manque des Aragon, des Éluard pour l’écrire. »

Quant au changement, Arthur Keller résume : « nous devons tendre vers l’autonomie », en relocalisant, en diversifiant, en réaménageant les territoires, en préserver le foncier nourricier. Et il l’ajoute : la résilience doit être solidaire et inclusive. « Il n’y aura pas de bifurcation écologique, sans justice sociale », avait martelé le Président, en introduction, en citant des politiques départementales innovantes, comme le plan 100% fait maison, avec un maximum de produits locaux et bio dans les cantines des collèges ou le projet R’Garonne de préservation de la ressource en eau. Arthur Keller de conclure : « À la croisée des chemins, c’est le déclic ou le déclin. »

Message reçu par le public composé d’élus, d’agents et d’associatifs qui est passé de la théorie à la mise en situation. L’après-midi était, en effet, consacré à des ateliers au cours desquels ils ont pu tester, à travers des cas pratiques, des leviers de résilience territoriale.

Écouter la conférence d'Arthur Keller