Qu’est-ce que l’ECCAR et quel rôle les villes peuvent-elle jouer dans la lutte contre le racisme ?
Il s'agit de l'un des deux réseaux européens de villes cités en exemple par la Commission européenne dans la lutte contre le racisme, conformément au plan européen 2020-2025 voté par l’Union européenne. Le racisme et les discriminations ne peuvent être combattus seuls ou en un seul lieu, l’union et la diversité sont donc une force. Les villes du réseau européen en sont bien conscientes. Il n'y a pas de domaine de la vie ordinaire d'une communauté citadine où l'on ne doive pas être vigilant face aux actes discriminatoires. Il vaut toujours mieux prévenir que guérir. Les marges de manœuvre des villes sont plus importantes qu'on ne le pense : sphère éducative et culturelle, politiques du logement, collecte de données, etc. Aujourd’hui 160 villes membres dialoguent entre elles au sein de ce réseau, constitué il y a plus de 20 ans. Il n'y a pas de villes parfaites mais des communautés qui tendent vers une coexistence fondée sur l'égalité. Au niveau du réseau, nous avons des groupes de travail : antisémitisme, islamophobie pour n'en citer que deux. Sujets particuliers qui nécessitent un échange continu de bonnes pratiques.
Pourriez-vous citer quelques initiatives particulièrement fortes dans ce domaine ?
Parmi nos actions fortes, je peux citer les comptoirs anti-discriminations. Ce sont des services de conseil pour toutes les personnes qui se sentent discriminés ou traités de façon discriminatoire. Ils fournissent non seulement des conseils juridiques, mais aussi des aides informatives comme, par exemple, des conseillers de gestion des conflits, des médiateurs et divers types d'intervenants en cas de (présomption) de discrimination. Donner la parole à ceux qui subissent des actes de racisme ou de discrimination est le premier ingrédient d’une coexistence pacifique. Nous menons également des opérations de prévention, des formations avec les structures scolaires, avec les associations. Je pourrais également citer les politiques du logement fondées sur l'égalité ou la question du travail. De plus en plus de villes adoptent un plan stratégique local contre le racisme ou collaborent à l'élaboration de plans nationaux. Ceci a pour résultat d'obliger la communauté à emprunter une certaine voie et le politique à ne pas cacher la poussière sous le tapis.
Vous êtes président de l’ECCAR. Quel est votre rôle ?
Mon rôle de président est de donner force et énergie au travail des villes, de les représenter notamment auprès d’organisations internationales comme l'Unesco, la Commission européenne ou d'autres acteurs. Donner la parole aux villes qui s'engagent courageusement au quotidien, cela prend du temps et de l'énergie, mais je vous assure que cela apporte d'énormes satisfactions, dont la première est de ne pas tomber dans la pensée négative que rien n'est fait. Chaque jour, je rencontre beaucoup de gens dans les villes, qui se battent pour la construction d'une communauté plus juste et plus vraie.