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Anatomie du franquisme, l'exposition événement

Publié le 4 mars 2011
Temps de lecture : 3 min
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Le Musée départemental de la Résistance & de la Déportation et le laboratoire de recherche FRAMESPA* de l’Université Toulouse Jean Jaurès se sont associés pour apporter un éclairage inédit sur la dictature franquiste. Après le colloque organisé fin mars au Conseil départemental, l'exposition Anatomie du franquisme est à découvrir du 4 avril au 22 à septembre 2024 au Musée départemental de la Résistance & de la Déportation. Avec le soutien du Gouvernement espagnol.

C’est une première en Europe : un cycle scientifique et commémoratif faisant la synthèse des connaissances accumulées sur la dictature franquiste depuis la fin du XXème siècle. « Le Franquisme est très peu connu en France, précise François Godicheau, historien, ancien directeur du laboratoire FRAMESPA et coordinateur du projet. Aucun livre récent, par exemple, ne s’est penché sur cette dictature qui a duré quarante ans (1936-1977), ce qui en fait la plus longue d’Europe occidentale, exceptée celle de Salazar au Portugal. » L’enjeu est donc crucial. « Il s’agit de faire comprendre au public européen l'horreur du Franquisme pour qu'il soit moins facile de s'en réclamer, note l’expert. En effet, le Franquisme n'a jamais été l'objet d’une condamnation morale absolue comme cela a été le cas pour le nazisme et le fascisme. Cette ignorance est extrêmement dangereuse car elle fait du Franquisme un foyer/une sorte de ressource culturelle et politique pour l’extrême droite. »

Quarante années de répression

Un travail colossal a alors été mené, qui s’est appuyé sur une équipe d’historiens, experts de cette période, en partenariat avec le gouvernement espagnol. La première partie de l’exposition traite des fondations de la dictature, et la deuxième – qui sera présentée en 2025 – explore les transformations de la société espagnole. « L’objectif est d’expliquer pourquoi cette dictature caméléon a pu durer quatre décennies en gardant ses principes répressifs et sa violence intacts, explique Claire Leger, régisseuse de l’exposition. Deux-cent-dix-sept documents ou œuvres seront présentés ; prêtés entre autres par le Musée d’Histoire de Barcelone, le Musée Reina Sofia ou la Bibliothèque Nationale d'Espagne. » De même, les deux colloques (le premier en mars 2024, le deuxième en 2025) permettront d’approfondir la connaissance des différentes facettes du Franquisme en présence des plus grands spécialistes du sujet, et en traduction simultanée.

Une exposition destinée à voyager

Bien sûr, l’ancrage de ce projet en Haute-Garonne, profondément marquée par l’exil des républicains espagnols (La Retirada), ne doit rien au hasard. Le projet entend toutefois s’exporter. « L’exposition est destinée à voyager, car l’imaginaire collectif autour du Franquisme est à construire en France et partout en Europe, y compris en Espagne où un tabou demeure autour de cette période », précise Claire Leger. Permettre son appropriation par le grand public a d’ailleurs aussi pour vocation d’ouvrir des débats plus larges. « L’étude de cette dictature, alliée, dès sa naissance, du fascisme et du nazisme, mais qui a perduré au-delà de 1945 en organisant une compatibilité avec le monde libéral, nous interroge, observe François Godicheau. Dans un contexte où la montée de l’extrême-droite est un phénomène prégnant partout en Europe, il y a une question centrale à se poser : que devient une dictature fasciste quand elle n’est pas vaincue par les armes ? »