Protection de l’enfance : repérer et s’appuyer sur les tiers dans l’environnement de l’enfant

C’est à la fois un enjeu de bien-être de l’enfant en risque ou en danger et de société qui a été discuté lors du 7e colloque de l’Observatoire départemental de la protection de l’enfance (ODPE) , qui a réuni près de 350 travailleurs sociaux le 30 janvier 2025. 

Ces enfants peuvent être fragilisés lors du placement. « Ils sont amenés à croiser d’autres jeunes très en difficulté dans les lieux d’accueil parce qu’ils vivent, du fait de leur placement, l’expérience d’être stigmatisés et différents des autres jeunes de leur âge mais aussi parce qu’ils sortent très isolés de l’ASE avec un faible réseau relationnel et amical notamment, associé à la faiblesse ou à l’absence d’appuis familiaux», souligne l’une des intervenantes Sylvie Malinowski, sociologue et chargée d’études Enfance et Famille au Conseil départemental. Autant d’arguments qui plaident donc pour un maintien des enfants dans leur environnement, c’est-à-dire dans le réseau des relations sociales qui les entoure. Cette préférence figure d’ailleurs dans la loi Taquet du 7 février 2022, qui prévoit des mesures conformes à l'intérêt de l'enfant en matière de placement et notamment de privilégier l'entourage de l'enfant avant d'envisager un placement en extérieur. Une évaluation préalable des ressources dans l’environnement de l’enfant doit ainsi être produite de manière systématique avant toute saisine du juge pour enfant.

Pourtant, en France, en 2022, seuls 7% des enfants concernés bénéficient d’un accueil chez leurs proches, en cas de difficulté. L’enjeu pour les professionnels réside donc dans le repérage de ces adultes, avec lesquels un lien d’attachement est déjà construit ou susceptible d’être construit, et en capacité d'accueillir durablement l'enfant et de répondre de manière adaptée à ses besoins. Il peut s’agit de grands-parents, parrains-marraines ou même voisins-voisines, on parle alors de tiers de confiance. 

Cet accueil permettrait de mieux répondre aux besoins de sécurité affective et relationnelle, aux besoins d’estime et de valorisation de soi et aux besoins d‘identité. Afin de permettre aux professionnels de Haute-Garonne de mieux repérer ces adultes, plusieurs expériences de terrain ont été présentées lors du colloque, comme le kit d’évaluation de la pourvoyance des besoins de l’enfant créé par l’Institut d’anthropologie clinique, les conférences familiales, pendant lesquelles les proches du mineur et les personnes-clés de son entourage se réunissent pour élaborer ensemble un plan d’action, soumis ensuite aux travailleurs sociaux, l’action éducative en milieu ouvert de travailleurs sociaux, etc.

Enfin, Mohamed L’Houssni, éducateur spécialisé et co-auteur d’un rapport remis en 2013 au Défenseur des droits, ayant nourri la loi du 7 février 2022, est venu témoigner de son expérience, à la tête de RETIS (Recherche, Éducation, Territoire, Intervention, Sociabilité) , qu’il a créé en 2007 en Haute-Savoie, une association pionnière et singulière en France qui intervient dans l’évaluation des ressources et appuis éducatifs dans l’environnement de l’enfant mais aussi  en soutien administratif, éducatif et juridique aux tiers pouvant accueillir les enfants. Elle propose également des activités inhabituelles en protection de l'enfance (café des aidants, concert chez les gens, jardin partagé...) et se donne pour ambition la mobilisation de tous - enfants, parents, citoyens et professionnels - en faveur du bien-être de l'enfant et de la famille. Une expérience inspirante.