DOSSIER

Politique handicap : objectif inclusion

Publié le 6 décembre 2017
Temps de lecture : 4 min
Une petite fille handicapée à la crèche entourée d'autres enfants.
© Aurélien Ferreira
Le Département vote un schéma en faveur des personnes en situation de handicap.

En Haute-Garonne, l’inclusion n’est pas un vain mot : en ce moment-même, le Conseil départemental prépare un Schéma en faveur des personnes en situation de handicap pour fixer le cap des six ans à venir. A l’occasion de la journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre, le point sur ce que le Département met d’ores et déjà en œuvre.

La prise en compte des personnes en situation de handicap par les politiques publiques a connu différentes évolutions ces dernières décennies, jalonnées de quelques dates clés. 1975, par exemple, marque le premier grand dispositif législatif en faveur du handicap. On y parlait alors d’intégration… « Ce principe supposait un « effort » de la part des personnes en situation de handicap pour vivre dans la cité, remarque Geneviève Mitjana, directrice de la Maison départementale des personne handicapées (Mdph 31). Or, depuis la déclaration de Madrid, en 2002, tous les acteurs intervenant dans le champ du handicap s’appuient sur un concept d’inclusion qui repose sur deux principes : l’accessibilité (c’est à la société de tout mettre en œuvre pour permettre à la personne d’être un citoyen à part entière) et la compensation (la société se doit d’attribuer des aides adaptées aux besoins de chacun). » Une philosophie dont le Conseil départemental s’est emparée depuis déjà plusieurs années. En témoigne un budget volontariste – 179 M€ prévus pour 2018 – qui finance les droits notifiés par la Mdph. « Nous comptons aujourd’hui plus de 120 000 bénéficiaires pour un total de 260 000 droits accordés », précise la professionnelle.

Vie quotidienne, emploi, scolarisation…

Ces droits – 44 au total – interviennent tout au long de la vie et concernent trois grands domaines. La vie quotidienne d’abord avec, par exemple, l’Allocation adulte handicapé (l’AAH), la Prestation de compensation du handicap (PCH) – qui favorise le maintien à domicile des personnes par la participation au financement d’aides techniques ou humaine (visite d’auxiliaire de vie) – ou la carte mobilité inclusion qui ouvre des droits dans les transports. L’emploi, ensuite, avec la notification de la Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) qui oriente, selon les cas, vers le milieu protégé de travail ou vers une adaptation de poste en milieu ordinaire. La scolarisation des plus jeunes, enfin, avec notamment l’attribution selon les situations d’une auxiliaire de vie scolaire, de matériel pédagogique spécifique et le transport gratuit. « Ces dispositifs permettent une adaptation complète du cursus scolaire pour accompagner l’enfant dans les meilleures conditions possibles », souligne Nathalie Roson, directrice adjointe du pôle évaluation de la Mdph. Ajoutons les efforts du Département en matière d’accessibilité du bâti (l’adaptation des collèges par exemple) et/ou d’accès à la culture et aux loisirs pour tous.

Une politique qui, au-delà des chiffres, fait évoluer les esprits. « Nous enregistrons 12 % d’augmentation annuelle des demandes, ce qui est une évolution d’activité très forte, remarque Geneviève Mitjana. Les personnes hésitent de moins en moins à solliciter un droit, ce qui prouve que la représentation du handicap dans la société évolue, notamment vis-à-vis des handicaps invisibles mieux reconnus (handicaps sensoriels, troubles psychiques etc.). C’est essentiel pour la personne en situation de handicap de pouvoir dire : moi j’ai droit à une compensation, pour pouvoir vivre comme tout le monde ! »

Romane, une inclusion scolaire réussie

Jeudi matin, école maternelle Jules Julien, dans le sud de Toulouse. Le bâtiment imposant abrite une salle majestueuse qui résonne de cris d’enfants. En ce début de matinée, la maîtresse et directrice, Geneviève Fleurot, anime une séance de motricité. Parmi les enfants : Romane, 4 ans, porteuse du syndrome d’Angelman, une maladie rare neurogénétique qui a des conséquences lourdes sur son développement. La petite fille est installée sur un motilo (sorte de vélo adapté) qui lui permet de se déplacer. Elle est accompagnée de son auxiliaire de vie scolaire (AVS), Mirentxu, dont la présence bienveillante l’aide à participer. Car début septembre, Romane a fait sa première rentrée à l’école, comme les autres… Une victoire pour ses parents. « Je m’attendais à un combat, et ça s’est passé beaucoup mieux que tout ce que j’avais imaginé », confie Virginie, sa maman.

Romane à l'école Jules Julien
© Aurélien Ferreira
Romane, 4 ans, à l'école Jules Julien

« L’histoire » de cette inclusion remonte à décembre 2016, lorsqu’elle envoie un mail à la directrice : « Romane était en crèche et on se rendait compte à quel point la collectivité lui faisait faire des progrès. On s’est dit que c’était important de poursuivre l’inclusion avec l’école maternelle. » École et crèche se coordonnent alors pour remplir le GEVASco, un document d’aide à l’évaluation des besoins destiné à la Mdph pour obtenir notamment la présence d’une AVS. Pour la directrice, c’était une évidence : « Il existe la loi de 2005 qui suppose que nous mettions tout en œuvre pour scolariser dans de bonnes conditions les enfants en situation de handicap, rappelle-t-elle. Il est important que cette loi soit respectée ! Par ailleurs, accueillir une enfant comme Romane est une richesse pour les autres, qui apprennent une autre façon de s'exprimer, de communiquer. » 10h15, c’est la récré. Mirentxu veille sur Romane qui se dirige vers la cour. Une copine passe à ses côtés et lui adresse un geste tendre. Une autre s’enquiert de savoir comment elle va. Ici, l’inclusion, c’est devenu le quotidien…