PORTRAIT

Gérard Noiriel, historien et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)

Publié le 28 octobre 2019
Temps de lecture : 3 min
Gérard Noiriel
© Aurélien Ferreira
Gérard Noiriel était présent à la soirée-débat du 12 décembre 2019 dans le cadre des Rencontres de la laïcité.

Le Département s'est engagé il y a 4 ans dans une démarche de promotion de la laïcité et des valeurs républicaines. Une initiative qui vise à transmettre et faire (re)découvrir les fondements de la République à travers une semaine dédiée : les Rencontre de la laïcité. Rencontre avec Gérard Noiriel, historien et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), invité d'honneur de l'édition 2019 des Rencontres de la laïcité.

Lors des Rencontres de la laïcité, vous aborderez le thème des valeurs progressistes de la République et du rôle civique de la science et de la culture pour combattre les discours de haine ; pourquoi ce choix ?

Mon désir de devenir chercheur est lié à la volonté de contribuer au rôle civique de la science qui est pour moi émancipatrice. Mon travail de socio-historien n’est pas simplement de produire des connaissances, c’est surtout, comme le disait Marc Bloch, d’aider les Hommes à mieux vivre, en leur donnant des outils pour qu’ils s’émancipent des contraintes qui pèsent sur eux. Transmettre, ne pas dire aux gens ce qu’ils doivent penser mais leur permettre de faire leur propre chemin en connaissance de cause.

" La littérature, l'histoire, le cinéma, les arts et la culture sont des armes efficaces pour lutter contre le discours de haine. "

Qu'appelez-vous "discours de haine" ?

Ce sont des discours centrés sur une opposition entre « eux et nous ». Selon les époques, le « eux » prend plusieurs sens en fonction du contexte. L’antisémitisme, l’islamophobie sont pour moi deux types de discours de haine. Mais je ne mets pas sur le même plan les usages politiques qui en ont été faits. Au XXe siècle, comme on le sait, l'antisémitisme a débouché sur une politique d'extermination du peuple juif. Mais à l'époque de Drumont, personne ne pouvait imaginer de telles atrocités.

Le Département dédie une semaine à la laïcité : représente-t-elle pour vous un élément central dans le combat contre le discours de la haine ?

La laïcité, ce n’est pas un rejet des religions. C’est un respect, un principe fondateur du fait que la religion doit rester dans l’espace privé, mais c’est aussi une tolérance envers les différentes formes de croyances. C’est cette conception-là de la laïcité qu’il faut défendre aujourd’hui et c’est un combat. La laïcité est une valeur républicaine qui est centrée sur l’émancipation. La littérature, l’histoire, le cinéma, les arts, la culture sont des armes efficaces pour lutter contre le discours de la haine. Cette conception de la laïcité permet de s’adresser à tous les citoyens pour les aider à combattre leurs préjugés.